Le placître de Kergoat est un espace boisé remarquable et très rare dans le Finistère.
Il participe à la mise en valeur de la chapelle inscrite à l’inventaire des bâtiments historiques et est apprécié des habitants comme des touristes pour s’y promener, y pique-niquer, y célébrer des mariages et le célèbre pardon annuel dédié à Notre-Dame.
Mis à part le tableau de Jules Breton sur le pardon de Kergoat qui montre des arbres jeunes en 1891, il existe peu de traces pour documenter l’histoire de cet espace arboré. Dans sa démarche artistique, le peintre a-t-il d’ailleurs restitué fidèlement la réalité ? Cette histoire, que l’on devine riche en événements, mériterait sans doute quelques recherches plus avancées, dans la foulée des quelques informations disponibles dans l’ouvrage fort intéressant produit par Jean Scordia, Eric Pianezza-Le Page et Jean-Paul Louboutin (“Kergoat, un terroir, une chapelle, un pardon”, 2019)
Maturité et dégradation
Il y a plus de trente ans, la dégradation de cet espace avait déjà commencé, au point que le maire de l’époque, Louis Pennec, avait proposé une solution pour renouveler les arbres progressivement. Un projet finalement abandonné.
Ces dernières années, la chute de plusieurs arbres, notamment en 2019, a rendu la nécessité d’un diagnostic incontournable, d’autant que certains spécimens montraient quelques champignons au pied, un feuillage dégarni et des grosses branches en mauvais état.
Le phénomène s’accélérant, l’équipe municipale a été contrainte de faire un audit des arbres, et a choisi d’interdire l’accès au placître depuis le 23 septembre 2020 pour des raisons de sécurité.
Le diagnostic
Il a été réalisé le 25 septembre, par des experts de l’Office National des Forêts (ONF). Il est basé sur l’observation détaillée de toutes les parties de l’arbre visibles au jour de l’observation : rameaux, charpentières, tronc, collet et départ de racines. Les parties cachées et les racines sont appréciées d’après les symptômes externes observés.
Les arbres ont à peu près tous le même âge et sont dans leur pleine maturité.
Cinq essences sont présentes : des chênes pédonculés, des châtaigniers, des érables sycomores, des chênes rouges, et un frêne, soit 78 arbres.
Les conclusions
Parmi les 78 arbres :
- 58 sont sains
- 12 présentent des défauts majeurs
- 6 relèvent d’une situation complexe, devant faire l’objet d’un diagnostic approfondi
- 2 présentent plusieurs défauts déterminants, où l’abattage est recommandé
L’ONF recommande d’approfondir le diagnostic pour 6 arbres, et de le renouveler entre 2022 et 2025 selon l’état des arbres.
Retrouvez le diagnostic complet réalisé par l’ONF (taille 18 Mo).
Le placître demain
D’autres paysagistes spécialisés dans l’entretien des parcs nous ont permis de compléter notre réflexion. Les maladies présentes sur certains arbres vont s’étendre, à terme, à tous ceux de la même essence. Dès lors, la plupart des arbres semblent condamnés. Mais à quelle échéance ?
Le principe qui guide l’action communale est de restaurer la sécurité des usagers puis d’engager une phase de renouvellement.
On peut imaginer couper une dizaine d’arbres, et replanter avec des essences différentes pour casser la propagation des maladies. Faut-il couper les 78 arbres dès 2021 ? Ce n’est pas ce qui guide l’action communale. Le plan de renouvellement pourrait s’étaler sur plusieurs dizaines d’années, en concertation avec les habitants de Kergoat. S’agissant d’un site classé, l’avis des services du patrimoine et de la DDTM est nécessaire. Le délai d’instruction de l’autorisation d’urbanisme peut prendre plusieurs mois.
L’entretien doit également être revu : ramassage des feuilles et tonte rase doivent être évités. Certaines zones seraient fréquemment tondues, et d’autres moins. Pourront ainsi s’épanouir les fleurs sauvages au printemps. Les feuilles mortes peuvent être ramassées en bordure des routes, et conservées à l’intérieur afin d’apporter des nutriments essentiels aux arbres et favoriser leur durée de vie.
La crise de la Covid-19 ralentit pour l’instant l’action menée depuis l’automne. L’équipe municipale souhaitait rapidement partager les résultats du diagnostic dans un moment d’échange avec les habitants de Kergoat, mais en est pour l’instant empêchée par les contraintes sanitaires. Espérons que les choses s’arrangeront dans les prochains mois pour avancer plus rapidement.
Le placître est aujourd’hui un symbole de Kergoat, tout comme la chapelle, doit à ce titre être renouvelé, entretenu, afin que de nombreuses générations puissent continuer de jouir de ce magnifique espace arboré dans le futur.